04 décembre 2007

Le paon de la reine - 2.

Les jours passent. Marcé étant reparti dans son baillage, Lignerac, beau gentilhomme et galant seigneur, devient amoureux de sa royale prisonnière. Un jour il lui fait visiter le château et lui conte le passé de la forteresse. Margot, c'est son surnom avise alors une troupe de paons qui prennent leurs ébats. Devant la blancheur de l'un d'eux elle s'émerveille.

- "oui, répond Lignerac, un vilain du bourg portât hier ces poulailles qui lui furent acquises pour la table de votre majesté.
- Fi!Monsieur, manger, d'aussi charmants oiseaux! Je demande que l'on épargne celui qui a couleur de neige molle.

- Madame, cet oiseau vous appartient, je serais trop heureux de vous en faire don. Mais prenez garde dit-t-il en riant, les paons ont une légende qui intéresse surtout les amoureux. Nos paysans prétendent que les paons blancs ne chantent qu'une fois dans leur vie et qui possède un de ces animaux et qui l'entend chanter, peut se dire que son ami le plus cher vient de trépasser.

- Je l'accepte tout de même et savez vous monsieur de Lignerac, j'accepterais aussi vos hommages, si j'étais sûre que mon paon se mit à chanter tout de suite.


Or, un certain jour, alors que l'escorte de Mme Anne de Beaujeu, qui est venue en visite de Vic sur Cère, s'éloigne à la nuit tombée, et que Margot admire les crêtes neigeuses des montagnes resplendissant sur un ciel se criblant d'étoiles, une silhouette, ou plutôt une ombre, car le mot précédent n'existe pas, une ombre dis-je, se dessine au pied du donjon. Un jeune godelureau approche. Il semble absorbé dans la contemplation des tours sombres et reconnaît la reine.

-Eh bien! jeune homme, à quoi pensiez vous en regardant ces vieilles pierres ?... Mais! on dirait par la madone que je vous ai fait peur. M'avez vous prise pour quelque revenant des enfers?

Margot lui tend sa blanche main qu'il prend et baise. je parle de la main bien sûr. Elle l'interroge. Il dit avoir nom d'Aubiac, , que nouveau venu dans la garnison, il n'a jamais vu la reine de navarre, mais il ne saurait hésiter à la reconnaître, une si rare beauté ne pouvait appartenir qu'à la princesse elle même. Et répondant à sa question : "C'est bien là un bien mauvais nid pour une si douce colombe".

Marguerite, émue par de tels propos galants s'éprend donc du jeune homme. Elle lui conte sa vie, sa jeunesse, lui décris le palais de Saint germain en laye où elle est née; les ornements de Benvenuto Cellini; le château de Madame de Valentinois à Anet par Philibert Delorme; Amboise, Blois; "j'étais avec la cour lors de la conjuration des princes de 1560. je me rappelle avec horreur, quoique étant toute petite enfançonne, les cadavres pendus au balcon de madame Catherine et la rivière Loire toute rouge de sang".


Les jours et les mois passent : Elle lui narre son mariage avec Henri de Navarre. Sept jours après les cloches de l'Auxerrois donnant le signal de massacres de Huguenots : "Ce fut horrible, on en poursuivit jusque dans ma chambre" - "l'amiral de Coligny, si droit et si grand d'âme que je ne pouvais m'empêcher d'admirer bien qu'il fût parpaillot, fût égorgé, et avec lui, combien d'autres!". Tout allât si bien entre eux que Margot en fit son secrétaire.


Il advient qu'un jour, Lignerac, est témoin des ces passions illégitimes. Il se confie à la reine et ajoute "Je n'ai qu'un regret, celui d'avoir introduit le loup dans la bergerie; mais qu'il prenne garde.....!"

On est à présent au mois de mai. Alors que la reine est conviée à la fête du Carladès qui a lieu à VIC sa capitale, d'aubiac est à Mur de Barez pour porter un message. Pendant que Margot s'amuse et danse bourrées au son endiablé de la cabrette, d'Aubiac rentre de nuit. Les gens du gouverneur se jettent sur lui. Il est battu, ligoté, et meurtri. Perdant le sang en abondance, il enfermé dans la tour du nord: un tombeau vivant.

Alors que la fête du Carladès se poursuit dans la nuit, d'Aubiac est tiré de prison. Après une longue marche il est conduit sur un rocher escarpé à Aigueperse par une escorte. Là il est étrangle et pendu haut et court. Quelques minutes plus tard, le soleil apparaît derrière les monts alors que son corps se balance à la branche maîtresse d'un chêne

A la même heure la reine de Navarre rentre de VIC. Rêveuse, elle se laisse bercer au pas de sa haquenée. Soudain, un cri strident déchire l'air, se prolongeant au loin, répété par l'écho. Marguerite tressaille. Elle a compris.


Instinctivement elle lève la tête. Là-haut, au bord des créneaux, le paon de Marguerite, le beau paon blanc se détache sur un ciel en feu. Dans le soleil levant, l'oiseau fait la roue.

Texte (modifié) de COURDEROT-LAVEISSIERE

4 commentaires:

  1. Mais pourquoi tu ne nous racontes pas plus souvent des histoires comme ça ? Magnifique même si notre Histoire est cruelle parfois ! Plein de poutous .
    Angélique

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  2. merci Angélique
    Je ferai en sorte d'en trouver d'autres.
    promis, juré, craché!
    Pttttoui!!!!!
    poutoux aussi

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  3. pour cloturer cette légende , il nous manque l'histoire du
    " babarel " .
    A ton clavier !...

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  4. coeur d'automne01 septembre, 2010

    assise au coin de l'âtre pendant une veillée, j'aimerai bien t'écouter conter ses légendes. C'est super, je retrouve une enfance perdue en te lisant. Bisous ami conteur

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Vince "Africantal"