Bien que sous-préfecture, Mauriac souffre d'un manque de publicité certain et d'un évident isolement géographique par rapport au reste de la région : Les mont du Cantal, de la grande partie Sud et sud-est du département et les gorges de la Dordogne du Limousin.
Vers 1790 la ville succéda à Salers en tant que tribunal d'instance mais son essor fut relativement court et le tribunal à migré à Aurillac en 1926. Et "il ne reste plus aujourd'hui que son sous-préfet, et la présence de cet honorable fonctionnaire, plus décorative qu'utile, n'empêche pas la ville de Téodechilde d'être tombée au rang de vulgaire chef lieu de canton" écrivaient en 1930 le Dr DE RIBIER et l'Abbé PESCHAUD. Si le commentaire est "un peu" méchant à l'égard de la Ville de Mauriac, il faut bien reconnaître qu'il avaient un peu raison.
Une légende dit que Théodechlide, fille de Clovis, fait ériger, sur indication d'une lumière miraculeuse gardée par une lionne et ses lionceaux, un oratoire dédié à la mère du Christ. Les miracles s'y multiplient rapidement et l'oratoire, devient le premier sanctuaire de la Vierge des Miracles.
L'église actuelle s'élève sur cet emplacement depuis le XIIème siècle. Elle figure une croix latine flanquée de deux collatéraux terminés par une absidiole en hémicycle et d'un transept, suivi d'un chœur et d'une abside semi-circulaire (Rochemonteix).
Le façade principal situé comme assez souvent à l'ouest, se compose de trois arcatures, une de part et d'autre du portail, toutes deux "aveugles" mais qui comportaient l'une la fuite en Egypte, l'autre Daniel dans la fosse aux lions. Deux de ces félins montent la garde de part et d'autre su portail à sept marches.
L'entrée à deux battants nous montre deux très belles portes ouvragées mais que le temps à terni et que les hommes n'ont pas entretenus. Je trouve celà très dommage.
Seul le lion de droite est en bon état. Selon Pierre Moulier celui de droite serait le seul de l'époque romane. Il est très abimé. Celui ci est de très belle facture. Il me fait penser à l'un de nos anciens premiers ministres et maire de LYON (Fouf-ouf-ouf!!!!!). Comment!!! Vous ne trouvez pas?
Le portail est couronné d'une archivolte ornée d'un très beau zodiaque fort mutilé par les ans. Ici, on y remarque selon Pierre Moulier (qui le lit de droite à gauche) En haut le verseau, deux poissons. Deux brebis et leurs agneaux ont été ajoutés, peut être pour faire l'équilibre, ou pour combler un vide.
Ci dessus, au milieux la balance judicieusement placée, le scorpion, le sagittaire et le capricorne. M. Moulier signale que manque le cancer (s'il pouvait aussi manquer ici bas aussi!!!!).
Tout le monde est d'accord sur un fait. Le tympan (1120 -1130 peut être 1150) est superbe. Il serait un des plus beaux de France si la révolution n'était pas passée par là. Peut être l'œuvre des hommes du révolutionnaire Choux-Fleur ROUX qui sévit dans la région.
Il représente l'Ascension. Mais je laisse à Pierre Moulier le soin de le décrire comme il le fait si bien : Il se divise en deux registres. Au registre supérieur on voit Jésus montant au ciel, inscrit dans une mandorle en amande dont les bords sont garnis de perles. De chaque côté sont deux anges aux ailes déployées qui ont l'air de danser......l'un indique le ciel, l'autre la terre......
Sous les pieds du christ on remarque le Golgotha.
La façade occidentale, le tympan, est ornée de deux tours carrées du XVIIe siècle, mal accordées avec le reste de l'édifice. La taille des pierres jure avec les pierres de taille si je puis m'exprimer ainsi.
Rochemonteix fait la description de la tour octogonale " L'intertransept, de forme carrée est surmonté d'une coupole sphérique avec trompes apparentes. Au dessus s'élève une tour octogonale démolie en 1793 et rétablie en 1845. Le clocher à deux étages percé de baies géminée, est surmonté d'une flèche.
Ma passion vous le savez peut être ce sont ces sculptures placées sous le chainage : Les modillons. On les trouve principalement, je ne pense pas l'avoir dit précédemment, sur les façades est et nord des édifices. mais je peux me tromper.
Celui-ci semble être un joueur d'instrument à deux cornets qui semble avoir une épée plantée devant lui. Pierre Moulier ne l'a pas décrite. Pourtant il semble bien convenable par rapport à d'autres que nous verrons.
Ici nous sommes à un angle formé par l'absidiole Est et le chevet. A gauche une créature monstrueuse dévore un animal que lui tend un être humain situé sous lui. A sa gauche, au centre bas, un modillon en copeau typique du style Mauriacois.
A l'extrême droite "une femme prenant ses jambes à son cou, la tête entre ses mollets offre au regard médusé des éléments de son anatomie normalement réservés aux seul initié " (sic P. Moulier). Cette sculpture se retrouve également à saint Vincent dans une forme peu différente. D'autres ont été mutilées par des curés pudibonds.
Un peu plus loin une tête humaine peu banale, même si elle est réaliste. Puis la corbeille d'un chapiteau décorée d'animaux fabuleux .
Un personnage se cramponne à sa barbe bifide à côté d'une autre chapiteau orné de palmettes et d'un aigle.
Un animal dans une posture vraiment très obscène.
Un homme prostré dans une attitude pensive, représentation de la paresse selon P.M.
Un masque d'où sortent des tiges. A côté, un éléphant si je ne me trompe.
Encore un paresseux.
Une vache et un lapin sans doute.
A droite de l'entré nord, l'entrée officielle, une lanterne des morts.
Il semble que cette porte ne soit déjà presque plus du roman. mais celà proviendrait-il des réfections postérieures ou d'une déformation.
PM signale dans son ouvrage ce tableau digne d'intérêt." et qu'aucun musée ne désavouerait". Mais Pascale Moulier son épouse leur trouve, à juste titre, "des postures un peu maniérées". Il est intitulé "la remise du rosaire" (1707).
Une corbeille "bien remplie". Les chapiteaux, nous explique Pierre Moulier sont ornés de manière pas toujours symétrique. Ils représentent des scènes bibliques, des personnages des Stes écritures ou de légendes.....Diables, licornes.... Quoiqu'il en soit la corbeille est toujours "exempte de vide".
Le choeur et son abside en cul de four.
La cuve baptismale est "incontestablement la plus belle conservée dans le Cantal. C'est aussi l'une des plus belles de tout l'art roman, en tous cas une des plus travaillées, l'une des plus intéressantes à étudier" nous dit Pierre Moulier. Cependant, il semble déplorer une remise en état de la polychromie datant du début du siècle. Il va même jusqu'à qualifier son auteur de "barbouilleur moderne" car quelques erreurs dans les teintes peuvent provoquer des interprétations trompeuses. .
L'absidiole Est renferme un très beau lutrin du XVIIIè siècle.
L'est de la place Pompidou (naturellement dans le cantal) se trouve l'emplacement de l'ancien monastère St Pierre. Pierre Moulier nous laisse deviner un joyaux détruit par la stupidité des hommes. Que serait devenue cette ville avec une telle profusion de merveilles? Il le faut pas douter que le tourisme de notre département en eût été tout autre.
Les pierre de l'abbaye furent utilisées dans la construction de bâtiments de la ville, en particulier de l'hôtel de ville mitoyen du site.
A proximité de Notre dame des miracles subsiste toute fois une maison digne d'intérêt quant à sa partie supérieure.
Pour plus de détails sur le sujet je conseille les opuscules de Pierre Moulier "Eglises romanes de Haute-Auvergne" tomes I - II - III (contribution à un inventaire régional) - Editions CREER 63340 Nonette que l'on peut trouver dans l'excellente "Petite Librairie" 1, rue de l'Hôtel de ville à Aurillac.
ainsi que la formidable étude (553 pages) agrémentées de photos couleurs époustouflantes de son épouse Pascale " La peinture religieuse en Haute-Auvergne "- Editions CREER 63340 Nonette vendue dans la même librairie.