14 avril 2010

Notre dame des Miracles de Mauriac. CANTAL - Auvergne

Il y a longtemps que je voulais visiter l'église de Mauriac car elle a la réputation d'être une des plus belles d'Auvergne et LA plus belle du département.  Les descriptions faites par l'excellente publication du non moins excellent Pierre Moulier et des croquis de sa talentueuse épouse Pascale (éditions CREER) m'y avaient fortement poussé. Je les en remercie. J'ai profité de mon passage dans cette ville au cour d'un changement itinéraire.. Je trouve à présent la route du Lioran un peu longue à mon goût.

Bien que sous-préfecture, Mauriac souffre d'un manque de publicité certain et d'un évident isolement géographique par rapport au reste de la région : Les mont du Cantal, de la grande partie Sud et sud-est du département  et les gorges de la Dordogne du Limousin. 

Vers 1790 la ville succéda à Salers en tant que tribunal d'instance mais son essor fut relativement court et le tribunal à migré à Aurillac en 1926. Et "il ne reste plus aujourd'hui que son sous-préfet, et la présence de cet honorable fonctionnaire,  plus décorative qu'utile, n'empêche pas la ville de Téodechilde d'être tombée au rang de vulgaire chef lieu de canton" écrivaient en 1930 le Dr DE RIBIER et l'Abbé PESCHAUD. Si le commentaire est "un peu" méchant à l'égard de la Ville de Mauriac, il faut bien reconnaître qu'il avaient un peu raison.

Pourtant ce sont des bâtisseurs de cette région là qui ont formé les tailleurs de pierres "Mauriacois" qui ont laissé leurs  marques sur bons nombres d'édifices religieux romans du Cantal. 



Une légende dit que Théodechlide, fille de Clovis, fait ériger, sur indication d'une lumière miraculeuse gardée par une lionne et ses lionceaux, un oratoire dédié à la mère du Christ. Les miracles s'y multiplient rapidement et l'oratoire, devient le premier sanctuaire de la Vierge des Miracles. 



L'église actuelle s'élève sur cet emplacement depuis le XIIème siècle.  Elle figure une croix latine flanquée de deux collatéraux terminés par une absidiole en hémicycle et d'un transept, suivi d'un chœur et d'une abside semi-circulaire  (Rochemonteix).


Le façade principal situé comme assez souvent à l'ouest, se compose de trois arcatures, une de part et d'autre du  portail, toutes deux "aveugles" mais qui comportaient l'une la fuite en Egypte, l'autre Daniel dans la fosse aux lions. Deux de ces félins montent la garde de part et d'autre su portail à sept marches. 




L'entrée à deux battants nous montre deux très belles portes ouvragées mais que le temps à terni  et que les hommes n'ont pas entretenus.  Je trouve celà très dommage.




Seul le lion de droite est en bon état. Selon Pierre Moulier celui de droite serait le seul de l'époque romane. Il est très abimé. Celui ci est  de très belle facture. Il me fait penser à l'un de nos anciens premiers ministres et maire de LYON (Fouf-ouf-ouf!!!!!). Comment!!! Vous ne trouvez pas?  



Le portail est couronné d'une archivolte ornée d'un très beau zodiaque  fort mutilé par les ans. Ici, on y remarque selon Pierre Moulier (qui le lit de droite à gauche)  En haut le verseau, deux poissons. Deux brebis et leurs agneaux ont été ajoutés, peut être pour faire l'équilibre, ou pour combler un vide.   



Ci dessus, au milieux la balance judicieusement placée, le scorpion, le sagittaire et le capricorne.  M. Moulier signale que manque le cancer (s'il pouvait aussi manquer ici bas aussi!!!!).


Tout le monde est d'accord sur un fait. Le tympan  (1120 -1130 peut être 1150) est superbe. Il serait un des plus beaux de France si la révolution n'était pas passée par là. Peut être l'œuvre des hommes du  révolutionnaire Choux-Fleur ROUX qui sévit dans la région. 

Il représente l'Ascension. Mais je laisse à Pierre Moulier le soin de le décrire comme il le fait si bien : Il se divise en deux registres. Au registre supérieur on voit Jésus montant au ciel, inscrit dans une mandorle en amande dont les bords sont garnis de perles. De chaque côté sont deux anges aux ailes déployées qui ont l'air de danser......l'un indique le ciel, l'autre la terre......

Le registre inférieur contient les treize personnages  qui sont les apôtres et la vierge témoins de l'ascension..............A gauche du christ se tient St Pierre reconnaissable à sa clef....... Tous les personnages ont perdu la tête et on ne voit que les auréoles............  "  

                  Sous les pieds du christ on remarque le Golgotha.



La façade occidentale, le tympan, est ornée de deux tours carrées du XVIIe siècle, mal accordées avec le reste de l'édifice. La taille des pierres jure avec les pierres de taille si je puis m'exprimer ainsi.




Rochemonteix fait la description de la tour octogonale " L'intertransept, de forme carrée est surmonté d'une coupole sphérique avec trompes apparentes. Au dessus s'élève une tour octogonale  démolie en 1793 et rétablie en 1845. Le clocher à deux étages percé de baies géminée, est surmonté d'une flèche. 

Ma passion vous le savez peut être ce sont ces sculptures placées sous le chainage : Les modillons. On les trouve principalement, je ne pense pas l'avoir dit précédemment,  sur les façades est et nord des édifices. mais je peux me tromper.  

Celui-ci semble être un joueur d'instrument à deux cornets qui semble avoir une épée plantée devant lui. Pierre Moulier ne l'a pas décrite. Pourtant il semble bien convenable par rapport à d'autres que nous verrons.


Ici nous sommes à un angle formé par l'absidiole Est et le chevet. A gauche une créature monstrueuse dévore un animal que lui tend un être humain situé sous lui. A sa gauche, au centre bas, un modillon en copeau typique du style Mauriacois.

A l'extrême droite "une femme prenant ses jambes à son cou, la tête entre ses mollets offre au regard médusé des éléments de son anatomie normalement réservés aux seul initié " (sic P. Moulier). Cette sculpture se retrouve également à saint Vincent dans une forme peu différente. D'autres ont été mutilées par des curés pudibonds.  


Un peu plus loin une tête humaine peu banale, même si elle est réaliste. Puis la corbeille d'un chapiteau décorée d'animaux fabuleux .


Un personnage se cramponne à sa barbe bifide à côté d'une autre chapiteau orné de palmettes et d'un aigle.


                Un animal dans une posture vraiment très obscène. 




Un homme prostré dans une attitude pensive, représentation de la paresse selon P.M.


 Un masque d'où sortent des tiges. A côté, un éléphant si je ne me trompe.

   
                                                        Encore un paresseux.


                                  Une vache et un lapin sans doute.



              A droite de l'entré nord, l'entrée officielle, une lanterne des morts.


Il semble que cette porte ne soit déjà presque plus du roman. mais celà proviendrait-il des réfections postérieures ou d'une déformation.


PM signale dans son ouvrage ce tableau digne d'intérêt." et qu'aucun musée ne désavouerait". Mais Pascale Moulier son épouse leur trouve, à juste titre, "des postures un peu maniérées".  Il est intitulé "la remise du rosaire" (1707).



Une corbeille "bien remplie". Les chapiteaux, nous explique Pierre Moulier sont ornés de manière pas toujours symétrique. Ils représentent des scènes bibliques, des personnages des Stes écritures ou de légendes.....Diables, licornes.... Quoiqu'il en soit la corbeille est toujours "exempte de vide".      



                               Le choeur et son abside en cul de four.


La cuve baptismale est "incontestablement la plus belle conservée dans le Cantal. C'est aussi l'une des plus belles de tout l'art roman, en tous cas une des plus travaillées, l'une des plus intéressantes à étudier" nous dit Pierre Moulier. Cependant, il semble déplorer une remise en état de la polychromie datant du début du siècle. Il va même jusqu'à qualifier son auteur de "barbouilleur moderne" car quelques erreurs dans les teintes peuvent provoquer des interprétations trompeuses. .     


L'absidiole Est renferme un très beau lutrin du XVIIIè siècle.


L'est de la place Pompidou (naturellement dans le cantal) se trouve l'emplacement de l'ancien monastère St Pierre. Pierre Moulier nous laisse deviner un joyaux détruit par la stupidité des hommes. Que serait devenue cette ville avec une telle profusion de merveilles? Il le faut pas douter que le tourisme de notre département en eût été tout autre. 
 


Les pierre de l'abbaye furent utilisées dans la construction de bâtiments de la ville, en particulier de l'hôtel de ville mitoyen du site.

A proximité de Notre dame des miracles subsiste toute fois une maison digne d'intérêt quant à sa partie supérieure. 



Pour plus de détails sur le sujet je conseille les opuscules de Pierre Moulier "Eglises romanes de Haute-Auvergne" tomes I - II - III (contribution à un inventaire régional)  -  Editions CREER 63340 Nonette que l'on peut trouver dans l'excellente "Petite Librairie" 1, rue de l'Hôtel de ville à Aurillac. 


ainsi que la formidable étude  (553 pages) agrémentées de photos couleurs époustouflantes de son épouse Pascale "  La peinture religieuse en Haute-Auvergne  "-   Editions CREER 63340 Nonette vendue dans la même librairie.




02 avril 2010

Eglise de Girgols. - CANTAL - Auvergne


Vous sous souvenez que le mois dernier nous avons visité la très belle église de SAINT CERNIN.
Ce jour là, ne me trouvant pas éloigné d'un autre site, la commune de GIRGOLS en l'occurrence, je me décidais au retour de faire un petit détour par cette commune que je n'avais jamais traversée. C'est en effet un hameau, non! une commune de 12 Km² perchée à une altitude comprise entre 786 et 1228 mètres d'altitude au milieu des alpages de moyenne montagne.

Sa population qui s'élevait en 1962 à 179 habitants est au recensement  de 1999 de 73 habitants. Elle se compose de quelques fermes relativement importantes (plus de vaches que d'habitants) ainsi que de quelques résidence secondaires. 
 
                                                                Photo internet André et Hélène
                                                                

En été, le paysage, c'est ça!  Imaginez le bruissement des feuilles des arbres, éloignés, et le chant de grillons et des criquets dans les prairies. Avec la brise coquine qui chatouille vos oreilles et fait frémir votre chevelure.  Le paradis!!


                                                                                   Photo internet André et Hélène



En hivers? Ah!!! En hivers c'est autre chose. Quand les pluies de l'Aquitaine ne viennent pas lessiver les bouses de vaches dans les prés et aplanir les taupinières sur l'herbe jaunie par les frimas, c'est au mieux, pour le regard, une couche de neige qui lui  donne un air de Sibérie.

                                                                     Photo internet Flickr

 Mais en général le paysage hivernal, c'est ça. Des prairies désertées de tout être cornu dès que la température descend à  8° et que la bise chasse les congères sur les routes non protégées par les haies maintenant disparues.

Il n'empêche que ce paysage je l'aime vraiment. Pour le moment nul bruit d'autoroute aux lointains. Seulement le bruit des combats aériens de la chasse française qui par moments s'entraine à franchir les monts du Cantal à basse altitude pour échapper aux radars du Mont Verdun de LYON.

Eh oui!!!!!!! Le Cantal C'est le "TOP GUN" Européen. Vous ne le saviez pas?  

                                                                 Photo internet Flickr

Puisqu'il n'y a pas de mouton dans cette partie du cantal, ou très très peu, revenons à nos clochers à peignes.

En  arrivant à proximité du village, une croix  plus que millénaire,  répertoriée j'espère par pascale Moulier dans son fameux  et documenté répertoire, nous accueille, les bras tendus.   Au loin apparaît déjà le clocher de l'église romane de Girgols.  A ce croisement, prendre la "route" très étroite à gauche.


   Déjà, soit à 600 mètre environs, nous la voyons! :  

Étoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine.
Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.
À peine quelques toits font comme un archipel.
Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.
L’épaisse église semble une basse maison.

Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
                                                                 Ch. Péguy


Après avoir pousse la grille du cimetière qui l'entour, nous pénétrons dans l'enclos engazonné  qui lui sert d'écrin. Je sais! Certains n'aiment pas nos édifices religieux. Ils leur trouvent des airs de Légo.  J'ai lu ça d'une savoyarde sur un blog ami. La pauvre!!!! C'est pas notre faute si nos pierres sont faciles à tailler en parallélépipèdes!!! Kâmême!!!!!!!  



Notre Dame de la Nativité de Girgols arbore un clocher à peigne à deux ouïes. Pierre Moulier l'époux de la précédente précises que naguère il en possédait quatre, comme dans beaucoup de ses sœurs voisines


Je suis aussi désolé que vous devez l'être mais je n'ai pu visiter l'intérieur qui est paraît-t-il remarquable.  Pierre Moulier signale ""présence d'un bénitier du XVème orné de têtes aux angles. ... "" En effet la voisine qui détenait les clés les a rendues dès qu'un cambriolages a été perpétré il y a quelques années. Le village étant désert ce jour là je n'ai pu savoir qui était le Cerbère de la place. 

Je déplore comme vous la présence de ce "présentoir" fixé au porche de l'édifice.



Pierre Moulier signale que le portail est l'élément le plus décoré de l'édifice. Je ne résiste pas à l'envie de le citer : "Trois voussures en retrait reposent sur des contreforts, soit sur deux colonnes à chapiteaux. Sous l'arc le plus extérieur court un bandeau à billettes; les deux voussures suivantes sont ornées de rainures et de terminent en boudins.  
Un bandeau à billettes, porté par le chapiteau assure leur base. Le chapiteau de gauche, très sommairement décoré de volutes (moi je le crois plutôt atteint par l'usure des temps : Tuffeau oblige)  Celui de droite représente sur chaque face, une grosse palme.  N'est ce pas joliment dit? J'adore son style.


  Regard en arrière: très bel angle de vue.  


 Au sud-est de la plateforme une autre très belle croix également fort ancienne. 



Dans la propriété voisine en contrebas mon attention est attirés par ce bloc monolithe  ça ressemble à............ Non c'est peut être bien du ciment, du moins j'espère. 



Par contre ça, ça ressemble bien à un sarcophage  mérovingien comme en trouve souvent dans la région. Si Pierre ou pascale Moulier me lise, j'aimerais qu'il m'apportent une précision  à ce sujet.



Ma visite terminée il est temps de descendre dans la vallée de l'Authre, Ma vallée, la vallée de poètes, l'Autre vallées des rois.  je dois rentrer à Marmanhac. Mon village.


Rien que pour vous j'ai photographié un buron encore de bout.  Bien à l'abri du soleil en été grâce aux tilleuls multi-centenaires,  il se trouve au lieu dit Verniols . En fait, je suis certain qu'autrefois, sur les cartes CASSINI, il devait s'écrire Vernhols . Lieu planté de vergnes.




J'arrive au hameau d'Aubespeyre qui a conservé son four banal.



Cette bizarre construction est un "travail" (des travails).  Je ne me souviens pas en avoir vu hors du massif central.  A part servir au support de tombées de géraniums en été, il servait et sert peut être encore, qui sait! à ferrer les animaux des fermes. Les chevaux surtout.  On faisait entre la bête entre les poteaux et on l'attachait au niveau des antérieurs et des postérieurs en sous-ventrières et on serrait pour la soulever légèrement pour éviter qu'elle ne s'échappe.