27 décembre 2007

ma crèche cette année




Voilà !!!! Il ne nous reste que quelques heures pour terminer cette fichue année 2007.



Aussi, je me permets de vous souhaiter à tous à ceux qu'ils aiment : lecteurs et liens habituels, lecteurs de passages, familiers... une excellente année 2008.

Que tous vos souhaits et désirs soient comblés pour les à venir.


Je souhaite à ceux qui souffrent tant dans leur chair que dans leur moral, une meilleure santé. Vous vous reconnaîtrez je le sais.


Je souhaites encore souvent vous lire tant sur votre propre site que sur le mien et ceux des autres.



Et je vous dis "A TRES BIENTOT".

23 décembre 2007

2007 c'est bientot fini YOUPIIIIIIIII!!!!

Bonjour à tous !!!!!!
L'année 2007 s'achève bientôt. Plus que huit jours.
J'espère que pour vous elle n'aura pas été aussi merdique que pour moi et pour certains de mes liens et amis.
On dirait que tous les rapetouns, dracs et goules se sont ligués pour me faire passer une mauvaise année.
Je pense surtout à notre chère Khatia qui nous a joué la mauvaise farce de nous quitter au printemps et qui nous manque.
Aussi je me permets de vous souhaiter à toutes et tous, toutes mes pensées les plus amicales et mes souhaits les plus sincères de joyeuses fêtes de fin d'année.
Pour commencer je vous souhaite à vous et ceux que vous aimez un JOYEUX NOEL.

17 décembre 2007

le petit pâtre de Belliac - I

Garder les troupeaux de brebis tout au long du jour, c'est une occupation agréable et pas fatiguante pour un enfant. C'était le cas du petit Gerbert à qui son maître, un riche aubergiste de la paroisse de Belliac confiait une mission particulière.

Gerbert n'était pas un enfant comme les autres. Il aimait contempler de sa cabane de branchages le calme et la sérénité des montagnes du cirque de Mandaille où il faisait paître son troupeau.

Il pouvait voir les clocher à peigne des villages tout en bas dans la vallée de la Jordanne.
Son seul regret, ne pouvoir aller étudier et devenir un grand savant, comme les moines de l'abbaye de Saint Géraud.




Comme bien d'autres enfants de son époque, c'était un champi; un enfant abandonné à la porte de l'abbaye par des parents dans la misère. Le prieur l'avait confié à des fermiers de Belliac comme pâtre. Son occupation favorite, c'était de mâchonner un brin d'herbe en regardant les insecte à plat ventre sur le sol. La nuit , il contemplait les étoiles quand il ne dormait pas sous leur scintillement.




- Tu vois, disait-il à jeannot, son compagnon, je voudrais les voir de près, être docte comme maître Guillaume et savoir les noms de leurs assemblages. Pffffffff!!! Lire dans les étoiles!!! je ne sais même pas lire dans un livre de prières.

- A quoi bon en savoir tant!!! Pour garer les fèdes (brebis), ça te servira à quoi? Pourvus que j'ai l'estomac plein, ça me suffit. Mais Gerbert haussait les épaules et demeurait insatisfait.



Un jour, le prieur de Saint Géraud vint à passer à Belliac et fit un détour pour voir son protégé à la ferme.

- Je ne suis pas mécontent de lui observa le métayer. Il est bon garçounnet, mais trop badaïre pour un pastre. Il se plaît à conter les étoiles au lieu de surveiller les moutons. Il ne saura jamais labourer la glèbe.
- Il compte les étoiles? Drôle d'occupation pour un pâtre, lui qui ne sait lire!!!

Le religieux demande à voir l'enfant. Il se rend à la parcelle Auriat à une lieue de là.

- Que fais tu là mon garçon, allongé dans l'herbe?
- messire, je regarde les fleurs et cherche à comprendre leurs différences entre chacune d'elles.
- Et dis moi? Est ce vrai que tu voudrais devenir savant?
- Ah! messire dit-il en rougissant C'est un rêve! je ne suis qu'un pauvre pastoureau! Si je pouvais étudier, je serais au paradis!

- Le paradis!!!! Ne blasphème point mon enfant! le paradis, c'est bien autre chose!. Si tu accepte la discipline, je demanderai au révérend abbé de t'admettre parmi les enfants de notre école monastique. Qu'en dis tu? Le regard brillant de l'enfant et son silence était éloquent.



Quelques jours plus tard, portant son maigre balluchon à l'épaule, Gerbert frappait à la porte de l'abbaye et pénétrait entre les murs massifs de ce lieu de prière. Le père prieur lui fit traverser le cloître aujourd'hui disparu; il visita le réfectoire; la salle du chapitre; et enfin le scriptorium où s'affairait le monial François de Lugdunum.


- C'est là que tu apprendras à lire, à écrire et à compter; tu pourras bientôt déchiffrer tous les manuscrits de notre bibliothèque.

Devant ces manuscrits, Gerbert se serait volontiers agenouillé. Il aurait passé sa vie à contempler tous ces trésors remplis d'enluminures. Le prieur l'en arracha et le conduisit auprès du père Maurice le maître d'école de l'abbaye qui assumait la formation des novices et enfants de choeur.

- Mon père voici une recrue. ce jeune berger est rempli du désir d'apprendre la beauté de la science. mais apprenez lui aussi à en craindre les dangers.

Le temps passa. Gerbert apprenait avec une facilité déconcertante. Premier à l'étude, il quittait le scriptorium en dernier. Et il fallait toute l'autorité de monial François pour l'obliger à suivre la règle et se livrer à d'autres exercices.

Il ne se contentait pas d'amasser les connaissances. il interrogeait le maître et certaines demandes semaient un trouble et une inquiétude à l'excellent religieux.

- Tu es trop jeune. Attends d'avoir grandi. Alors, il se replongeait dans l'étude des gros manuscrits poussiéreux dans l'espoir d'y trouver réponse.


Lorsque les religieux recevaient des passagers tels que voyageurs attardés, arpenteurs, troubadours, marchands allant à la foire de Lyon, gerbert avait obtenu d'assister aux veillées. Il était si avide de connaître ce qui se déroulait à travers le vaste monde! N'osant, à cause de son jeune âge questionner le visiteur il écoutait passionnément et recueillait avec avidité les discours des hôtes de l'abbaye.

Un jour, un vieil homme paraissait plein de merveilleuses sciences se présente à saint Géraud.
Il conta la guerre de Germanie qui était le propre de l'homme, il parla du pape de Rome qu'il vit en son palais. Il déclara qu'en espagne chez les païens, des savant prédisaient l'avenir en regardant les étoiles.



- Est-ce vrai, seigneur qu'il connaissent aussi les secrets de l'alchimie?
- Bien sûr mon garçon l'alchimie, l'astrologie et toutes les autres sciences.

le petit pâtre de Belliac - II

Dès ce jour, Gerbert s'assombrit. Il s'ennuyait en ces murs de Saint Géraud. Il reprit un jour la route de l'espagne.
Il se joignit à des pèlerins venant du Puy. n'ayant au bout de quelques jours plus sous vaillant, il fut obligé de mendier sa pitance et coucher dans les granges. Il eut faim; il eut froid; il eut peur des loups sur les chemins de montagnes.


C'est avec une caravane de marchands qu'il finit par atteindre les murailles de Barcelone. Bien qu'il eut envie de crier "Noël! Noël" il se rappela qu'il se trouvait en terre des infidèles. Il se tut prudement. Avec force de persuasion et fréquentation de nombreuses écoles il apprit que des rabbin fort âgés résidant dans le quartier du port se rassemblaient pour mettre leurs connaissance en commun. gerber se rendit près d'eux.



En raison de sa jeunesse il dut déployer toute son habileté pour gagner leur confiance.


- Tu as voulu petit arverne connaître les secrets du monde et de la vie. Nous allons te mettre à l'épreuve. Si tu te montre digne de notre science, nous te révélerons des trésors qui te ferons maître du monde.

Ses maîtres ne tardèrent pas à découvrir les dons et l'intelligence du petit pâtre de Belliac.

Six mois après, il fut reçu dans le cercle fermé des maîtres de la loi, possesseurs du grand secret de la cabale.
Gerbert n'a jamais révélé ce secret. Il pourrait s'agir du secret du grand oeuvre. Secret que cherchèrent à percer durant tout le moyen âge alchimistes et magiciens.


Après cinq ans passés parmi les doctes maîtres de la religion juive, Gerbert revint dans son pays.

- Nous t'avons confié le don le plus précieux que puisse faire un homme à un autre homme. ne divulgue cependant à quiconque les secrets qui sont désormais ton bien.

Vas, mais prouve aux sots qui prient en leurs cloîtres qu'un homme peut s'élever au-dessus de la divinité elle-même.

le petit pâtre de Belliac - III





























Gerbert regagna donc la vallée encaissée de la Jordanne, cette jolie rivière qui traverse Aurillac. Il était en train de méditer à sa condition ancienne et contemplait les verts pâturages délaissés par lui ces années passées, quant un religieux de Saint Géraud qui passait, le reconnut.

- Gerbert! Est-ce bien toi? Te voici donc revenu au pays? Quelle joie ce sera pour le père prieur qui se désole de t'avoir perdu!!
- Je ne rentrerai pas à saint géraud, la science ne m'a pas perdu. J'ai étudié. J'ai compris la sottise et découvert le secret de la puissance. Rien, tu m'entends? rien ne peut plus me résister.
- Même Dieu?
- veut tu que je te manifeste ma puissance, là, à l'instant? Tu pourras comprendre et rapporter au prieur et à tous les moines qui croient étudier au scriptorium de l'abbaye qu'ils savent moins que rien et que toutes leurs connaissances n'approchent pas les miennes. Tiens regarde!!!





Et, murmurant des paroles cabalistiques Gerbert battit l'eau de la Jordanne d'une simple baguette de coudrier . Aussitôt on assistât à un bouillonnement un rugissement véritable. On vit s'élever des profondeurs de son lit, des paillettes brillantes semblables à de l'or. C'était bien de l'or que les flots du torrent charriaient effectivement.

- De l'or, de l'or!! murmura Gerbert. Je suis le maître de l'or.

Muet de stupeur le religieux regardait lui aussi et s'était extasié. S'étant avancé, il se pencha près du bord. Les pépites devenaient de plus en plus nombreuses. C'était un véritable fleuve d'or qui coulait désormais. Il poussa un cri d'angoisse. Débordant des rives, l'eau s'était mise à monter à une vitesse vertigineuse et se répandit bientôt dans la prairie.


- Sauvons nous, cria Gerbert. Tous deux se mettent à courir. Mais l'eau allait plus vite qu'eux.
S'ils avaient pu atteindre les contreforts de la montagne ils eussent été sauvés, mais l'eau en grondant entravait leur marche.

Un vieux chêne éployait ses ramures assez basses à quelques pas de là.
- Là! là! cria Gerbert, cet arbre, il faut l'atteindre et grimper sur ses branches.
A peine étaient-ils juchés que les eaux bouillantes l'avaient déjà cerné. Plusieurs branches étaient recouvertes par les eaux.

Désespéré par la vue de la vallée qui se couvrait d'or, le religieux fit un grand signe de croix. Alors, nouveau miracle, l'eau s'arrêta net. Les flots se calmèrent peu à peu et cessèrent de mugir. La Jordanne apaisée rentrait à nouveau dans son lit, aussi vite qu'elle en était sortie. Les pépites disparaissaient peu à peu, pâlissant, se diluaient en une simple frange d'écume.

Eh bien, gerbert fit le religieux, tu as sans doute acquis une science merveilleuse, mais en délivrant les forces diaboliques as tu, pauvre apprenti sorcier oublié la puissance divine?




Gerbert ne répondit rien. sa science de la cabale lui paraissait désormais aussi vaine que dangereuse.

- Mon père si vous croyez qu'on veuille encore de moi. dans l'abbaye, je suis prêt à franchir pour toujours les murs du monastère. Et vous n'aurez religieux ou simple convers plus soumis et plus respectueux que moi.

- Gerbert! nous n'avons jamais cessé de t'attendre.

L'ancien pâtre passa donc à nouveau les murs de Saint Géraud. Il fut accueilli avec joie. mais il disparut ainsi du monde et on n'entendit plus parler de lui. Il avait volontairement oublié le secret du grand oeuvre. Et avec lui ce secret que le moyen âge devait chercher, fut définitivement perdu. Car peu de temps après, au cours de troubles, les musulmans de Barcelone massacrèrent le collège des docteurs juifs qui le détenaient et l'avaient révélé à Gerbert.

Et il n'est de toute cette aventure, resté qu'un témoignage très véridique. certains jours, la paisible Jordanne se met à couler plus vite et ses eaux prennent des reflets brillants, comme si elle roulait encore des paillette d'or, les paillettes de Gerbert


Si, souvent les légendes de la France profonde nous content des histoires erronées, la légende se trompe sur un point. Gerbert n'est pas resté dans l'oubli. Il est devenu pape sous le nom de Sylvestre II. Mais c'est vrais, la Jordanne prend toujours, certaines nuits de pleines lune des couleurs de miel, et les aurillacois (les goudots) qui étaient de grands naïfs venaient alors pêcher sur ses rives. les gens de la campagne les appelaient "les goundots pesca luno". (se prononce "Gouwdo pesquo luno").

06 décembre 2007

Le diable du pont valentré.

Voici la légende qui se colporte de siècle en siècle le Pont Valentré :

Notre histoire aujourd'hui se déroule sur une des plus belle rivière de France. Son nom à l'origine? l'OLT. C'est pas par ce qu'il se disait à l'envers que son cour était plus facile à remonter. Non non!


Le Lot, ce torrent qui vient du massif central s'est assagi en pénétrant dans le département au quel il a donnée son nom. Aussi dès le moyen âge les hommes ont pensé exploiter cette sagesse pour faciliter leurs déplacements et leurs commerces.


C'était bien beau ces barques, ces bacs et gabarres pour traverser le Lot। Mais pas toujours facile. Les gabarres, pour descendre son cour, ça allait tout seul. Pour remonter c'était une autre histoire. La plus part du temps, on les vendait comme bois de brûlage à l'arrivée à destination. Vous parlez d'un gaspillage d'argent et de temps. C'était un pont qu'il fallait à Cahors, un beau, grand pont solide et pour traverser le Lot. Fortifié, de préférence. On sais jamais avec les Anglois et les sarrasins. Non mais!!!

Malheureusement l'entreprise était ardue car la rivière fougueuse et capricieuse résistait aux hommes et tous ceux qui avaient tenté des avaient échoué।

Arriva un jour dans la ville un maître maçon। Sans doute un Toscan, peut être un Lusitanien. Ce sont des courageux. Quoiqu'il en soit, il venait de terminer son tour d'Aquitaine et conscient de sa dextérité, il se présenta au Capitoul local. Ses prédécesseurs ayant tous échoue, il obtint aisément le marché et la construction put commencer.

Or, bien que les ouvriers, travaillassent vaillamment toute la journée, une malédiction faisait, qu'au matin, tout le travail de la veille était à recommencer। La pont avait été détruit pendant la nuit.

Les consuls mécontents menacèrent le pauvre homme de pendaison si l'ouvrage n'était pas finis dans les délais। Désespéré, le maçon se lamentait et se confiât à sa femme. Celle-ci pour conjurer ce mauvais sort se rendit à SAINT CYRQ LA POPIE chez la bonne fée Tourmaline pour lui demander conseil.

La Fée lui apprend alors, que c'est un petit diablotin, pas vraiment méchant, un petit Drac facétieux qui chaque nuit défait l'ouvrage. Il suffit de le neutraliser en étant plus malin que lui.

La "fastillière" explique à la femme du maçon que le Diable craint la lumière et lui indique ce qu'il faut faire. Elle remercie la bonne fée, rentre chez elle et rassure son mari.

Le lendemain, avant l'aube, la femme du maçon se poste derrière une pile du pont avec son coq a amené avec elle sur les conseils de la Fée.


Le diablotin s'approche pour détruire l'ouvrage. C'est alors que le coq se met à chanter. Le "dracounet" est aussitôt changé en statue de pierre que le maître maçon s'empresse de sceller dans l'angle supérieur de la tour centrale du pont.


Vous ne me croyez pas? Allez visiter le pont . Il y est encore.



Oh bien sûr!!! Quand vous passer à Cahors, vous roulez sur l'autoroute A20!!! Alors, vous risquez pas de le voir de là-haut. C'est bien trop loin. Vous roulez trop vite.

04 décembre 2007

Le paon de la reine - 1

Le cantal, c'est mon pays. Et il recèle de bien terribles histoires. Véridique ou romancée, en voici une sur laquelle beaucoup d'historiens se sont penchés.

Le trentième jour du mois de septembre de l'an 1585, alors que la nuit tombe,une petite troupe d'hommes d'armes chevauche au travers du ravin que domine le château de Carlat dans le cantal. A en juger par leur équipement pour certains, toque à aigrette, habits de velours, haubert et cuissards de mailles, souliers couvert d'acier et larges baudrier, ces gentilshommes sont à la fin d'un long voyage.

Mais ce soir-là leur mise n'est pas brillante. Une épaisse couche de poussière souille les vêtements et les montures des voyageurs tant que nul n'est en mesure de dire les couleurs de ces gens.

Leur chef monté un cheval noir fourbu, n'a plus à sa coiffure qu'un rudiment de panache. Le sieur de Lignerac, puisque c'est lui, parti d'AGEN avec cinq cents lances, n'en ramène que deux cents à la fin de l'étape qui doit le conduire à USSON dans le Clermontois.

Soudain, au détour du sentier, le donjon de Carlat apparaît. Terrible, menaçant avec sa double enceinte de remparts, se dessinant sur un ciel lourd de présages. Il se dresse sur le vaste plateau de granit qui lui sert d'assise. Tout noir sur ce ciel gris il ressemble à un repaire de brigands.

Ceux de la troupe qui ne connaissent pas encore Carlat, ont en l'apercevant un frisson d'épouvante. D'aucuns se signent. D'une cape brune, assise sur la croupe du destrier de Lignerac une voix lasse mais musicale sort : "Saint-Germain n'était pas si laid, murmure-t-elle".

Le détachement se dirige vers un escalier très étroit, creusé dans les orgues de basalte qui conduit à une porte massive, unique accès au château. Il faut mettre pied à terre. La femme qui a parlé se laisse choir dans les bras de Lignac, plutôt qu'elle ne descend de la monture. Sa mante est rabattue laissant entrevoir l'admirable visage d'une femme de trente ans, belle d'une beauté éblouissante malgré la fatigue qui alangui ses traits. "

A l'entré de l'escalier se tient un homme au pourpoint écarlate. L'épée au côté, il s'avance vers Lignerac:

- "Bonjour mon frère", dit-il en l'accolant. Puis s'inclinant très bas devant la voyageuse :

- "Soyez la bienvenue, madame, je suis le sire de Marcé, bailli général des montagnes au nom de notre gentil souverain Henri troisième du nom que Dieu ait en sa garde. Il m'est plaisant d'honneur de vous recevoir en ce castel. Mon maître le roi désire que vous ne quittiez pas cette enceinte. Vous le savez sans doute madame, ce fief vous appartenant, Carlat est imprenable par la force, nous avons trois cents hommes d'hommes d'armes et, vous le voyez, les remparts sont assez épais pour qu'on ne passe pas au travers".

La reine de Navarre car c'était elle, releva fièrement la tête.

-"Monsieur, vos discours me sont à gré. Je suis lasse et malade ayant fait quarant lieu es en croupe de ce noble gentilhomme( en désignant Lignerac). J'ai vu ma bonne ville d'agen révoltée contre moi, mes gens tués à coups d'arquebuses, et, si'l plait à mon frère le roi de france de m'infliger de nouveaux chagrins et malheurs, qu'il me laisse d'abord me reposer pour que j'aie la force de les supporter".

Marcé et Lignerac introduisent la royale voyageuse dans une vaste salle voûtée où brûlent des torches de cire et de résine, au murs des trompes de chasses et bois de cerfs. Au milieu de la cheminée ornée de l'écusson de Carlat, garnie de chenets hauts de six pieds et dans l'âtre brûlent des arbres entiers.
Force est à la princesse de prendre part au repas préparé auquel participent le bailli, le gouverneur ainsi que moult gentilshommes de la garnison. Elle touche à peine aux mets et demande bientôt aux chambrières pour qu'elles viennent la déshabiller et la mettre au lit.

Il fut un, temps où la grande forteresse de Carlat rayonnait sur tout le Carladès. Dominant le pittoresque bourg de Carlat, le "nid d'aigle" inexpugnable apparaît dans l'histoire depuis la domination romaine. Elle avait eu bien des maîtres différents, soutenu des assauts de Clovis, et se rendait à Pépin le bref. Puis à Louis le Débonnaire à qui elle fut livrée par trahison issue de belles promesses. Elle fut ensuite à deux reprises enlevée aux anglais. Puis à Mérigot-Marchès, chef des routiers, par jean de Tournemire venu de son castel d'Anjony.

Devenu fief héréditaire de la famille d'Armagnac et l'une des plus fortes places d'Aquitaine, Carlat vit en 1475 la révolte de jacques d'Armagnac, et les terribles preprésailles de Louis XI. Les biens du comte furent confisqués. Le carldès fut cédé au duc de Bourbon et d'Auvergne, époux d'Anne de France, plus connue sous le nom d'Anne de Beaujeu qui y fit construire l'église.

Après la trahison du conétable de Bourbon, il est à nouveau confisqué et livré à Louise de Savoie, puis réuni au domaine de france par François 1er en 1532. Le carladès fit succéssivement partie du douaire de catherine de médicis, d'Elisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX, de Louise de Loraine, veuve d'henri III et enfin de marguritte de Valois épouse d'Henri de Béarn.

Telle est l'histoire de Carlat lorsque l'escorte de Lignerac gouverneur du château le découvre brusquement à travers la brume. L 'aspect extérieur n'en est guère réjouissant : au pied du rocher mesurant 700 mètres de contour, un premier mur flanqué de tours et bastions; sur la crête un second mur de 4 mètre d'épaisseur, de nombreux corps de logis et enfin une ligne de forts couronnant le plateau.

Le séjour de la reine Margot ( Marguerite de Valois ) du 30 septembre 1585 au 14 octobre 1586, a marqué les gens du pays. De tout temps, les puissants seigneurs de Carlat se sont démarqués par une tendance prononcée pour la résistance, l'intrigue et la rébellion. La dernière fut fatale: sur ordre du roi, la "tanière" fut rasée (1604). Puis vint le temps (1643) où le Carladès fut le fief des princes de Monaco.