03 décembre 2007

Le miracle des fleurs version Cantal

Aujourd'hui, pour une fois, je vais vous conter une légende du VIIème siècle. C'est une légende du Cantal, mon pays.

Bien sur, cette histoire rappellera quelque chose à Lhuna, la Toulousaine qui sait si bien les raconter. Je l'ai prévenue. Elle ne me poursuivra donc pas en plagia. D'autant que cette histoire n'a rien à voir avec une légende occitane.

Nous sommes en des temps très anciens. A l'époque où notre Haute Auvergne émergeait de l'histoire gallo-romaine. Enfin, presque si l'on considère l'isolement de ce massif un peu trop central. Même à l'écart des grandes invasions.

Amantius, un patricien Clermontois devenu veuf, se convertit au christianisme et vint se mortifier dans une maisonnette à l'écart du gros village de SAINT FLOUR. Dans le faubourg de CUSSAC.

Sa fille, Hélène, le suivit mais habitait dans une chaumière voisine au bord d'un ruisseau. Chaque matin, elle courait recevoir une caresse, un regard ou une parole affectueuse de son ermite de père qui vivait une vie austère et mystique.

La vie coulait doucement sur les hauteurs de nos planèzes. Les saisons et les années passèrent. Une nuit de ces longs hivers Sanflorains, le solitaire eut une vision qui lui ordonnait de se mortifier davantage encore.

Aussi, dès que sa fille parut près de lui, Armantius lui dit :

"ma fille, il faut que je m'impose un dernier sacrifice, celui de ne plus te voir. A l'avenir, tu ne viendras ici qu'une fois l'an : au printemps, et lorsque les marguerites seront revenues couvrir la prairie".


Hélène se mit à pleurer et s'en retourna bien triste chez elle.

On était aux environs de Noël; L'hiver faisait rage. Dans les étables les bêtes piaffaient d'impatience en dégageant une chaleur moite et odorante. L'hiver allait être long, c'est sûr. Dehors, un tapis de verglas couvrait la terre, et des nuées de plomb parcouraient le ciel. Comme si les lévriers du seigneur de MURAT les eussent poursuivies.

Au loin les loups hurlaient avec la bise qui peignait les fayards misérables et formait des congères entre les murets de pierres sèches du plateau. Et les petits enfants se serraient contre leur parents au pied du cantou réconfortant.



Rentré à son logis, Hélène se mit en oraison. Armentius lui aussi priait, de sorte que durant la nuit entière, tous deux restèrent humiliés devant le Seigneur.
Le lendemain, quel fut l'étonnement des gens du hameau, lorsqu'ils aperçurent la prairie qui entouraient l'habitation d'Hélène, couverte de fleurs! la jeune fille surprise expliqua son aventure et tous l'accompagnèrent à l'ermitage.

Mais pendant le trajet, les marguerites semblaient naître par milliers. Elles écartaient doucement la glace, et levaient au-dessus des neiges leurs petites têtes souriantes.


Hélène les ramassait à poignée; elle en remplit ses poches, sa jupe, ses mains. Puis, arrivée devant son père, elle les jeta sur le plancher, en répétant : "Joie! joie! C'est le printemps, me voici".

Amantius, frappé par le prodige, embrassa sa fille qu'il ne voulut plus quitter. Et tous de chanter les louanges du Seigneur.

Amentius prit femme et plus tard eut un fils confesseur, qui béatifié, devint le patron de la paroisse actuelle.

4 commentaires:

  1. la femme d'Anetius s'appelait-elle Marguerite ?

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  2. J'adore cette histoire ! et j'adore encore plus de lire une légende de chez toi ! merci beaucoup pour ce moment de détente . Poutous .
    Angélique

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  3. coeur d'automne01 septembre, 2010

    dans ton pays il y a de bien belles histoires et j'ai toujours adoré les contes et tu es un merveilleux conteur, bravo aussi pour les photos.
    Bisous

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Vince "Africantal"