22 décembre 2006

Ma crèche



le village

Comme c'est bientot Noël, je n'ai pas résisté à l'envie de vous reveservir ma crèche.

Étant issu de la civilisation judéo-chrétienne, j'ai toujours été bercé pendant ces douces veillées de Noël par les contes provençaux d'autant que mon grand père était Félibre (de l'école auvergnate, mais félibre quand même).

Ainsi aucun secret n'avait pour moi, cette évocation de la nuit de Noël. Je les connaissais tous par coeur, les santons . Je pourrais même déclamer leur monologues :

- Boufareu, l'ange trompetteur, qui aurait "décorné tous les cocus de camargue".
- lou boumian et sa dinde volée au Roustide, le maire.
- Vincent lou gardian et son Arlésienne de Mireille (la fille du Roustide).
- Honorine, la poissonnière et son Pistachié (comprenez coureur de jupons) de mari.
- Et lou cassaïre et sa lièvre prélevée à la nature (pour la bonne cause).
- Lou ménié abandonné par sa femme.
- lou ravi, les bras en l'air s'ébaudissant aux merveilles de la création." mon diou ! Que c'est beau un homme qui travaille et qu'avait pas envie de travailler !
- Lou berger qui avait "un chien qu'il était mort et qu'il est ressuscité" et qui dit au niston "tu me le demanderas pas dis - tu me le demanderas pas!"
- Lou curat qui bénit l'union du Vincent et de la Mireille.

J'en ai passé des soirées de Noël à le faire tourner le disque quand j'étais môme! Aussi lorsque j'ai eu des enfants en âge d'écouter la pastorale des santons de provence, bien sûr, je me le suis procuré le disque et un jour je me suis dit : "en cette période y a rien à faire qu'à bricoler" .
Alors j'ai pris quelques boites à chaussures, des cartons de diverses formes et épaisseurs, des bouts de boites de camembert dont je prélevais le pourtour et les fonds. Et je me suis fabriqué une crèche, pour le niston et ses parents. Avec les mangeoires, les outils abandonnés, le joug des boeufs, inutile. Les sabots des fermiers émigrés on ne sait où. Le broc en terre laissé sur le rebord du fénestrou.


La maison du niston

Puis comme le roustide avait besoin d'une maison de maître, il en a eu une. Pour abriter le nouveau couple. Et lou curat, il a eu son église pour "les marida".

L'honorine, elle a eu une poissonnerie toute neuve. pour "fixer" le Pistachié.


Voilà comment je me suis retrouvé avec un vrai village des Alpilles. Et comme j'avais des amis qui venaient à la maison, ma copine Michèle m'a commandé une crèche. Je me suis dit "il lui faut une église( modèle de l'église de Mornas) : Elle l'a eue. Il lui faut une maison pour le Roustide : Elle l'a eue. Puis j'en ai fait pour ma soeur, ma belle soeur, mon neveu. J'en ai même vendu.


Bref, je crois que j'ai dû faire l'équivalent de la ville de Forcalquier à l'époque du niston bien sûr. Et je me suis fait une fontaine glougloutant de l'eau des collines (quand l'autre sauvage qui joue de l'harmonica lui coupe pas la chique).




Sous les étoiles


Deux moulins aux ailes en bois.

La place publique

Voilà donc quelques exemplaires de mes réalisations.
Vous allez me dire "Ça me rappelle un film avec VILLERET". Là, vous êtes pas gentils. Pas du tout ! Ça n'a rien à voir avec un dîner de cons. Moi j'emploie même pas d'allumettes. Et je pense pas être con.
NUANCE.



Le santons rentrent au masuc .

Voila, si vous ne l'aviez pas vue en septembre, je vous la présente une nouvelle fois. Une modification, toutefois. Pour éviter qu'Uranie, ne bouscule un peu mes santons en "foulcan" j'ai établi ma crèche en position surélevée. On ne sait jamais.

Ceci dit, je vous souhaite un joyeux Noël en famille.

07 décembre 2006

Titus et bérénice

Cet amour est le symbole de la destinée cruelle qui frappe deux amants mais derrière cette apparence se cache une implication politique.

Bérénice est l’arrière petite fille d'Hérode le grand et fille d’ Hérode Agrippa 1er. Elle appartient à la famille royale qui a gouverné en Judée au 1er siècle avant notre ère.

C’est en 67, alors que Vespasien est en Galilée qu’elle rencontre Titus alors qu’elle cherche d’aider son frère, Hérode Agrippa II pour se rapprocher des Romains. Elle est très belle et ses actions politiques impressionnent Titus. Il tombe sous le charme de la Reine Juive.

Dès l’avènement de Vespasien, leur liaison est officielle mais devant la désapprobation du peuple, Bérénice reste en Judée lors du retour de Titus à Rome car son père l’a persuadé qu’elle mettrait en péril l’installation durable de leur dynastie mais en 75 Bérénice vient avec son frère à Rome et devient officiellement l’épouse de Titus. Ils sont la cible des critiques. Les Romains entretiennent depuis toujours une méfiance à l’égard des juifs habitant la Ville. Ils ont peur également que Bérénice soit une autre Cléopâtre dont ils gardent un mauvais souvenir. Ils ont l’impression que Titus veut se rapprocher de l’orient.

Par respect envers la volonté du peuple, il va renvoyer Bérénice malgré lui et malgré elle en Judée.



Alors que la saison enflamme nos jardins
Et nos cœurs alanguis battent à l’unisson
Ton front comme le mien s’argente avec l'âge.
Ton regard est perdu, mes yeux cherchent le tien
Aux profondeurs azurs de lointains paysages
Que nous vîmes tous deux alors que nous étions
Esseulés, morfondus, et brisés de chagrins.


Les frondaisons dorées, et leurs tapis de mousses
Nous choient de leur cocon, assourdissent nos pas.
Les brumes de l’automne nous cacheront des spectres
La frayeur, les remords, les souvenirs nous poussent.
Tous deux nous les fuyons jusqu’à notre trépas
Nous nous fondrons enfin en ce décor champêtre.
Les nuits entre tes bras me sembleront bien douces.


Et sous les nues d’octobre nos plumes s’enhardissent
Elles tissent un linceul qui nous recouvrira
Une cape de mots, un manteau de langueurs.
Fuyant toujours plus loin au tréfonds des abysses
Notre course effrénée un jour se finira.
Et comme tu le sais, reviendra le bonheur.
Mais, je serai Titus, tu seras Bérénice.



Photos prises sur le site de wikipédia.

06 décembre 2006

Les ROYAL

Les ROYAL (texte paru sur paroles plurielles - http://coumarine2.canalblog.com/vincent )


Je lui avais bien dit de ne pas mettre son tailleur noir.
Surtout pour aller ouvrir le portail à Ségolène et à François.
De toutes façons, elle n’écoute jamais c’que je lui dis.
Mais avec son petit sac rouge, je dois reconnaître qu’elle a de l’allure, ma femme.
Bon voyons : Les pelouses sont tondues………
Pas de pavé qui dépasse. Ca serait marrant que le petit François, se casse la figure………..
Pas de papier gras ou de canettes.
Au fait est ce qu’elle a commandé les pizzas.
Faudrait que je pense à mettre le mousseux au frais, tiens.
Qu’est ce que je vais lui dire à Ségolène? Bonjour madame Royale! Non. Ça ne va pas.
Madame le président? Non, elle va voir que j’me fiche d’elle.
Madame Hollande! Ca sonne bien ça, surtout qu’ils sont pas mariés.
Tiens au fait comment je l’appellerai lui: Monsieur Royal!
Comme ça je lui clouerai le bec. Au François. Ahahah!
Y a des amuses gueules!.......pompompompompompom.
Ah! On a oublié le saucisson. Ah! Non y en a aussi.
Tout va bien alors! Pompompompompom…
Mais!…Elle a oublié son chapeau !
Lequel avait-elle préparé ?
Pas le noir, ça ferait trop cérémonie.
Le paille?........Non, elle aurait l’air d’un épouvantail. ,
Le rouge non plus. Trop…....Stendhalien.
« BERNADETTE!!!! Ohé! BER.NAAA.DEEE.TTEEU! Votre chaaaaaapeau »
Elle ne m’entend pas. J’crois plutôt qu’elle fait semblant.
« BERNADETTE!!!! Vous avez oublié votre chapeau!!! »
Ah! Quelle tête de mule, celle-la !
« BER…..!Oh! Et puis zut! Ils la prendront pour la gouvernante.
Désormais c'est son problème, plus le mien.

Au nord Kiwu

(texte paru sur paroles plurielles http://coumarine2.canalblog.com/vincent )
C’était un drôle de zèbre cette femme. D’une nature froide, je dirais même introvertie, elle menait sa barque comme on circule dans des couloirs d’hôpitaux vides, sans regarder le décor. A la va vite, toujours « à la bourre » comme on dit maintenant. Jamais un regard à gauche ou a droite. Les autres, c’était pas un problème pour elle. Quoique….. Fallait pas se trouver sur son passage. Gare à celui qui l’empêchait de passer !
Des hommes, elle en avait croisé dans sa vie. Qui l’avaient trouvée jolie. Qui admiraient sa façon de ne pas se laisser faire. Ses yeux de fauves noyés dans un océan couleur de perle vous disaient : Je te jauge. Ils ne vous laissaient pas indifférents. En principe ça se passait dans ses grands moments de lassitude. Alors qu’elle sombrait dans une sorte de déprime, elle s’arrêtait de foncer tête baissée et se réfugiait dans les bras du gars qui lui portait un peu d’attention. Dans les bras…. façon de parler. Pas facile une étreinte à cent à l’heure.

Les quelques hommes qu’elle avait eus, ils avaient fini sur les genoux. Le premier, elle l’avait laissé sur le chemin des Dames. Quand il était revenu, entier, du grand cahot; plus personne à la maison. Elle n’avait pu attendre. Y en avait bien un qui l’avait suivie au bout du monde, en fait c’est elle qui l’avait rejoint. C’était, bien sûr après avoir tenté de faire fortune aux états unis dans l’alimentation rapide. Elle était trop en avance sur son temps. Elle avait fait sa connaissance dans la bonne société bruxelloise. Il était planteur de café dans le Nord Est du Congo belge.



Le nord Kivu. Une région entre deux cours d’eau exubérants comme elle, l’Ituri au sud et l'Uélé au nord. Après s’être fait épouser à Bruxelles, elle l’y avait rejoint. Remontant le turbulent Congo, elle y fondait une nouvelle famille. Là bas elle avait voulu tout faire : Du café bien sur avec son mari, mais aussi améliorer le commerce d’objets rares, de multiples articles indispensables à la vie « in africa » : Cultiver des roses, difficiles à y faire pousser …. Ca avait si bien marché qu’elle y avait gravi les échelons de la vie sociale, et avait usé les patiences et volontés des hommes gravitant autour d’elle dont ses deux fils aînés et les toisait du haut de son indifférence.

Dès cette période de sa trépidante vie, elle n’aura de répit de bousculer les évènements. Et pour ce faire, c'est décidé, elle vivra centenaire. Mais prendre des décisions, c'est chose facile. Les réaliser en est une autre. L'aîné de ses fils, mon père, l'aidera dans son commerce, l'autre n'étant pas doué pour fera des études puis rejoindra les troupes de coalition contre le nazisme. Tous deux s'y rejoindrons, montant vers le front qui recule.


La course de ma grand mère vers la réussite sera freinée par le conflit qui aura changé bien des choses sur Gondwana. Peut être a-t'elle prévu le changement qui s'opère sur ce continent. Les colons ne le seront plus pour très longtemps. Elle tentera de s'établir dans le sud de la France ou elle finira sa course folle, septuagénaire.