
Les autres occupations: tôt le matin, au lever du jour, Jeannot le neveu du fermier passait me réveiller et nous allions détacher les vaches des mangeoires de l'écurie de son oncle. On conduisait les "Salers "(ne dites pas le S final s'il vous plait, on n'aime pas ça) au pré et en milieu de matinée on "faisait les neuf heures" : un bout de pain, de Cantal et quelques rondelles de saucisson, et c'était reparti... A l'occasion, ramassage de chanterelles ou de "caps nègres" entre deux rappels à l'ordre à vache fugueuse.

C'était souvent "la becque" cette folle bestiole, la seule aux cornes dressées, qui sautait les barbelés des parcelles, s'enfonçait dans les genêts bordant les bois voisins ou se cachait dans les "pignassous" des côtes de Pradine . "Macarel!"' Elle nous en donnait du mal, celle là. Heureusement le son aigü de son "esquile" nous facilitait la poursuite. Et on faisait aussi les foins avec la famille du copain, surtout le dimanche après midi. De tracteur, y en avait pas beaucoup au début des années 60 dans le Cantal.
Les foins étaient coupés soit à la faux dans les parties abruptes, soit avec la faucheuse tirée par le cheval. Puis ils étaient endainés à la râteleuse. Et une fois secs on les "enquillait" sur de lourds chars de bois séculaires et grinçants, tirés par des mules qui redescendaient leur généreux chargement dans les granges. Nous, " les ronces" (les rances = fluets = les gosses) on nous laissait monter sur le foin. Ca le maintenait en place. Les mules. Je les ai toujours entendu nommer ainsi. Pas les équidés, mais des vaches n'ayant jamais vêlé, spécialement dressées pour l'attelage, dociles et patientes, et musclées comme des bœufs.


Après le travail, toujours le dimanche ou les jours de fête en fin de journée, les hommes installaient les quilles géantes,ancêtres arverne du bowling, sur la place du hameau. Ils y jouent encore lorsqu'ils organisent des réunions de village sur le couder, succédanés de nos fêtes de la lumière où chacun amène qui sa truffade, qui sa charcuterie qui son pounti , qui ses bouriols maison. A s'en faire péter la sous-ventrière.


Maintenant la grange de la maison ne contient plus de foin mais il reste encore un des chars en bois qui tombe peu à peu en poussière; quelques jougs de bois avec leurs lanières de cuir, les doubles râteaux de noisetier et de multiples accessoires liés à la fenaison. Dont un "ase" (âne en occitan - on prononce "une âge") trépied portant une mini enclume servant à "repasser" avec "uno coue" les lames des "dailhes" abimées par les pierres sournoises.

Quand j'y retourne l'été surtout et qu'un orage pointe son nez, j'aime bien moi aussi ouvrir toutes grandes les lourdes portes de la grange. J'aime aussi sentir cette terre qui se mouille et entendre les grosses gouttes de pluie pétarader sur la toiture. Ah! cossi mé carro dins lou Cantal!!. Et que de souvenirs!!!!!!!!!!!

Bien sûr les chars ne peuvent plus y entrer. La DDE qui refait de temps à autre les chaussées ne s'embarrasse pas à enlever la couche supérieure détériorée. Non! elle remet une nouvelle couche par dessus, aussi le bâtiment s'enterre peu à peu.
Un très joli texte avec des beaux souvenirs.
RépondreSupprimerUn moment très agréable où beaucoup d'entre nous pourront se "retrouver" au coeur de leur enfance dans une France paisible.
Merci Vincent
Phoebus
on me dit que vous ne pouvez pas laisser de commentaire. n'hésitez pas à me le signaler par message si c'est le cas pour vous.
RépondreSupprimermerci d'avance.
et à bientôt
bonjour vincent
RépondreSupprimermerci de ton petit mot sur mon blog, qui tu le sais devient un livre
pense tres serieusement a rcrire un livre sur tes souvenirs de gamin
je me souviens aussi de nos echanges sur la télé au bistrot
amities
patrick
bonjour phoebus
RépondreSupprimerj'espère te compter parmi mes plus fidèles lecteurs.
A très bientôt
Merci pour tes encouragements Patrick
RépondreSupprimerpense d'abord à ton livre et aux suivants car je pense que tu ne vas pas t'arrêter en si bon chemin.
Je réfléchirai à ce que tu dis.
ah ces souvenirs d'enfance , rivés à un autrefois disparu..! ou presque
RépondreSupprimerje repasserai demain pour lire plus profond et peut-être irai-je rechercher mes vieux souvenirs liés à la terre des grands parents,à la vie de parnts que j'ai évoqués dans mon autobiographie.
quand le présent se décolore...
merci pour tes comments chez moi
bonjour vincent
RépondreSupprimerj'ai telement aimé ton spot que j'en ai parlé a ma femme elle aussi issue du milieu agricole et qui baragouine le patois
elle a tant aimé qu'elle vient de se payer ton blog pendant plus d'une heure (la pauvrotre))
avec elle nous t'encourageons a penser tres erieusement a ecrire un livre
moi j'ai commencé sur le blog et puis peu a peu le livre et né et en janvier je serai publié
pense y je t'aiderai
amities litteraires
patrick
Merci Micheline.
RépondreSupprimerNon les souvenirs ne se décolorent pas. Ils prennent juste des teintes sépia. Et c'est pas si mal. Mais ces travaux des champs pour moi ont toujours les mêmes couleurs chaudes des végétaux muris par les soleils de l'été.
A très bientôt.
merci pour ta publicité auprès de ta femme. J'espère que ça lui a plu et qu'elle reviendra laisser des commentaires. Merci aussi pour tes encouragements.
RépondreSupprimerA très bientôt.
bonjour Cantalou,
RépondreSupprimerBelle photo ancienne, j'en recherche en ce moment de ma région mais pas facile à trouver.
Chez nous les gosses sont les minots, quand à la faux c'est le daï, presque pareil que chez toi.
bon tu m'emmènes cueillir les chanterelles et têtes de nègres? Chez nous pas de champignons cette année, trop de vent et pas assez de pluie...
Bonjour framboise. je commençais à désespérer de te revoir un jour sur mon site. Mais sur le tien également.
RépondreSupprimerJ'espère que tu as repris la rédaction de billets si sympas à lire.
Tu as raison les mots sont sensiblement les mêmes, mais celui que j'ai employé "rance" est plutôt un argot local. j'aurais pu employer "éfon" pour "enfant".
Pour la faux c'est la façon de l'écrire du cantal qui veut cette orthographe. les lettres M,L,N,G...étant mouillées par la lettre H qui y est accolée.
Les champignons, malheureusement ici, je ne peux pas trop y aller faute de temps. Dans le cantal, j'ai parfois ce loisir.
merci pour tes passages trop rares.