05 mars 2007

Afrique humide



D'étranges lianes s'enroulent comme des serpents
Sur son corps abandonné, brûlé par le soleil
Et pourtant il reste assez de larmes et de vent
Pour faire supposer que sa peau est bleue de ciel

Dans un plissé de soie sauvage qui se déroule
La pluie des automnes libère la fraîcheur évaporée
Jusqu'aux souffles de sa bouche d'où s'écoulent
Des rivières chaudes comme un bras déplié

Des nuages de perles entourent son cou brun
Pour les soirs étouffantss des pleines lunes
Les flammes dansent sur un voile de satin
Qui flotte au bord assourdissant des lagunes

Les cris fauves se mèlent aux graves murmures
Qui s'élèvent dans sa gorge immense
Perturbant le calme des rives, le repos des blessures
Et qui s'apaisent aux flèches ajourées et denses

Des couronnes indicibles parent son règne
Ses cheveux ruissellent dans l'aurore naïve
Sombres en feuillage des forêts où baignent
Les danseurs exténués que l'eau ravive

Le tremblement de ses hanches minces et douces
Suit l'empreinte du vent dans les sables pièges
Et les mains qui s'y posent en cicatrices rousses
Aplanissent tous les effets des sortilèges

Ses ongles sont des griffes qui savent déchirer
Aussi cruellement que des épines ou des crocs
Aucun étranger ne peut en triompher
Elle est superbe en baobab ou en roseau

A l'instar d'une femme sans identité
Ses sourires sont parfois timides
Et sa silhouette répand l'odeur boisée
Des corps tantôt secs, tantôt humides

Comme des amants furtifs ou éphémères
Les hommes vagabondent en nomades
Sur son ventre blond sans frontière
Car Afrique est un monde promenade

Les rayures de sa robe zèbrent les espaces
Entaillés par des brumes ultramarines
O Afrique humide, théâtre d'un palace
Telle une femme aux amours divines
Afrique humide
© Wictoria, extrait de CLEFS PROVIDENTIELLES, 1982

Illustration de Sienne

6 commentaires:

  1. merci véro . tu es là et tu ne dis rien?

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  2. très beau texte mais je n'ai pas vu de qui il est. Il est de toi?

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  3. ben oui il est de moi ! attend je vais l'écrire en dessous :) tu sais c'est un très vieux poème, maladroit, mais qui dont je fus assez fière à l'époque (j'avais 18 ans...)

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  4. Mais il y a de quoi en être fière. C'est un sacré morceau!!!!! et je n'y vois pas de maladresse. D'autant que pour les phrases que tu fais il faut quand même pas mal connaître ce continent.
    Merci pour ta participation.

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  5. Et pourtant ! à l'époque je n'y étais encore pas allée...sauf en rêve :) Mais une chanson m'a aidée (voir plus loin :)) et aussi un pouvoir d'imagination...et puis Rimbaud aurait voulu y finir ses jours...tout cela est très lié tu vois :)

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  6. Et tu y es allée quand?
    une chanson, un rêve, l'immagination...ça fait pas tout.
    Faut que ça colle kamême!!!!

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Vince "Africantal"