Pour les amateurs de cultures et d’humour je recommande le blog de Laurent Tellier un Marmanhacois de coeur.
AFRICANTAL
22 août 2022
03 novembre 2018
Donner des noms aux "rues" ou comment diviser un village.
Si je réveille aujourd’hui mon blog qui était en sommeil, c'est pour mettre en évidence une décision pour le moins arbitraire du conseil municipal de mon village qui divise une bonne partie de la population. Il s'agit de la dénomination des chemins et artères desservant les hameaux de la commune entre eux.
Et le comble c'est que l'équipe municipale a délibérément évité de faire appel aux suggestions de habitants de la commune. Le "comble du comble" est que, je ne sais pour quelle raison, on a voulu féminiser toutes les nouvelles voies de communications et ce en faisant fi de raisonnable. Un travail de sagouin. Personne semble-t-il n'a émis la moindre critique au sein de l'assemblée municipale qui vraisemblablement n'a pas eu elle même son mot à dire. Circulez y a rien a voir.
La dénomination des voies et édifices publics relève de la compétence
du conseil municipal en vertu de l’article L. 2121-29 du code général
des collectivités territoriales.
La compétence du conseil municipal dans ce domaine fait l’objet d’un
contrôle de l’erreur manifeste d’appréciation par le juge administratif.
La dénomination attribuée à une voie ou un édifice public doit être
conforme à l’intérêt public local. À ce titre, l’attribution d’un nom à
un espace public ne doit être ni de nature à provoquer des troubles à
l’ordre public, ni à heurter la sensibilité des personnes, ni à porter
atteinte à l’image de la ville ou du quartier concerné. (CAA Marseille,
12 novembre 2007, ville de Nice, req. n° 06MA01409)
Pour éviter tous types de polémiques, nombre de collectivités donc choisissent la
concertation, et consultent la population d’une façon ou d’une autre en
amont de la décision. Même si rien, légalement, n’y oblige les élus,
cette attitude semble de bon sens, notamment dans tous les cas qui
peuvent prêter à débats. Ce qui n'a pas été le cas ici.
Avec beaucoup de tac et d'intelligence, de nombreuses communes alentour ont conservé ou officialisé les appellations vernaculaires, usuelles, pour respecter les habitudes, l'Histoire des lieux...:
Route des crêtes, chemin du lavoir, carrefour du calvaire (croix des missions) route du Mercadier....
En février 2018 la mission de dénomination a été acceptée par une conseillère municipal non native du secteur, et sans doute pas du cantal. En effet, le manque de sensibilité de cette dernière, le manque de concertation avec la population et une bonne part d’entêtement a produit un panégyrique ""féministique"". Et l’équipe municipale ne semble pas avoir eu son mot à dire. "" J'veux voir qu'une tête ! Rompez nom de dieu"""
Une liste d'appellations dont certaines plutôt fantaisistes est diffusée in fine du bulletin municipal.
Pourquoi ne pas avoir garde ""les camps français" ? Ces lieux étaient pendant la guerre de cent ans le camp des troupes alliées au roi de France dans cette partie du Cantal occupé par les Anglois qui occupaient le château de Roquenatou.
Germaine Tillion ne faisant pas partie de l'Histoire locale, un autre personnage du cru pouvait bien prendre sa place. Ou tout simplement conserver "La Contie" une ancienne communauté religieuse qui a marqué la commune. Ou donner le nom du Chanoine Bonhomme son remarquable Père Prieur. Un homme d'une belle prestance.
Bref....
C'est le hameau d'Aubin qui remporte le plus de suffrage de soutien contre un nom qui souligne le ridicule de la campagne de déculturation du Vernaculaire. Ce sympathique groupe de maisons typiquement montagnard et de stabulations libres est ravalé au niveau de ruelle de lotissement bobo. Et ça ne s'arrête pas là. On aurait voulu ridiculiser ses habitants essentiellement ruraux et fiers de l'être, on n'aurait pu trouver mieux. Et ils l'ont ressenti comme tel.
On les parque rue Coco Chanel. Je plains le fermier qui va devoir résider au n°5. Je vous assure qu'on grince des dents sous les chaumières et on rit sous le manteau au village.
Entre-Deux-Rieux est un groupe de fermes et anciennes fermes et quelques maisons, blotti entre un horrible champ de panneaux solaires, appartenant à un non résident, et une crête qui lui dissimule la vue sur la vallée. A environ 800 ou 900 mètres d'altitude. Pourquoi avoir donc choisi les noms de Florence Arthaud et Camille Muffat deux femmes ""aquaphiles"". Simplement parce que leur mort
commune les a réunies? Elles n'ont jamais nagé ou navigué sur les dits Rieux. Je n'arrive pas à saisir.
PERUEJOULS : Que du pompeux, du prétentieux, du "exotique". Pas un rappel aux célébrités autochtones ou au moins régionales.
Ce hameau rural a désormais le privilège de posséder une rue des plus longues pas loin de deux kilomètres et des moins peuplées de la vallée de l'Authre environ quinze habitations éloignées les unes des autres. Pourquoi avoir donné à cette route qui relie mon village à celui de JUSSAC le nom d'une des reines de France les plus haïes de son temps et des plus contestées par les Historiens? Catherine de Médicis. Passons sur sa moralité.
On aurait pu lui attribuer celui de Marguerite de Valois. En effet cette plutôt sympathique princesse, fille de la précédente a marqué l'Histoire de notre département de ses pas dans les escaliers de la forteresse de Carlas.
Et que vois-je au centre du hameau? L'impasse du ruisseau est bien à plus de cent mètres du "ruisseau du Fau". Là, je ne vois pas!
GIMEL se situ à un kilomètre à la sortie Est du Village. Curieusement un sexisme éhonté et une erreur flagrante sur la vie de Katia Kraft ressort de ces dénominations arbitraires. Je me souviens bien de cette sympathique et enthousiaste vulcanologue qui ne passait jamais à l'antenne sans son non- moins sympathique mari. Jamais on ne parle de l'un sans évoquer ou associer l'autre, d'autant qu'ils sont partis tous les deux ensemble, peut être auraient ils voulu qu'il en fût ainsi.
Mon village doit bien être le seul à isoler Katia dans l’au-delà. Et ça c'est pas bien. Même Macron n'a pas séparé Simone Veil de son mari au Panthéon.
Et bien souvent on lit rue Pierre et Marie Curie sur les panneaux.
MEZERGUES : C'est là que j'habite depuis la mort de ma femme, dans la maison de mes ancêtres.
Bien sûr on ne pouvais pas donner à la "route des basses" ou "route de Pradine" le nom de mon Grand-Père Fernand Prax puisqu'il a déjà sa rue au village. Et une plaque sur le portail de ma propriété.
Mais m'assigner à résidence rue Marguerite Yourcenar! On ne pouvait m'infliger un tel supplice moral. Pour plusieurs raisons.
Je me souviens de ses passages à l'antenne. Une femme souriante mais hautaine. Toute en façade.
En bref cette femme née en Belgique a vécu pratiquement toute sa vie aux USA n'en revenant que pour se faire élire à l'Académie française. Ce qui ne l'empêchera pas d'opter pour la nationalité États-unienne. Elle vivra là bas un parfait amour avec un autre écrivain féminin.
Il aurait été utile d' informer le villageois, comme ça se fait souvent de préciser "née CRAYENCOURT" mais peut être avait elle oublié ou gommé ses racines familiales. Tout ça me la rend indigne d'un chemin de campagne bucolique
Je déplore également qu'on n'ait pas conservé le nom de l'impasse utilisée depuis des lustre. Colette c'est beau mais "la Cantounade" ou "lou Bari", n'était ce pas plus couleur locale? Une néorurale de la mairie s'évertue d'effacer la mémoire de la commune.
fièrement "Les Champs Elysées". Plusieurs personnes de la commune se demandaient où était passé ce panneau. Personne n'avait la réponse. Jusqu'à il y a une quinzaine de jours. Alors que je me rendais chez des amis habitant à St Simon en empruntant un raccourcis je tombais en arrêt. Sur le bord du chemin d'Auriacombe à Velzic il était là! Pris en otage par des gens peu scrupuleux.
J'espère que ma commune va faire rapatrier daredare ce "fleuron" de notre patrimoine. Car je ne pense pas que nos champs Elysées soient une fantaisie, une farce d'un petit plaisantin du siècle passé.
les Champs Élysées,
Champs
Elysiens
ou Elysée. - Partie des Enfers,
où, selon la religion grecque
et la religion romaine, séjournaient
les âmes vertueuses après la mort.
C'était la quatrième division des Enfers, suivant les Grecs,
et la septième, suivant les Romains.
Or il est bien connu que le hameau d'Auriacombe faisait partie du domaine des seigneurs d'Aurillac, le comte Géraud, je crois. Et en ces lieux et aussi à la Croix de Broise voisine ont été découverts naguère des objets, bijoux, fibules ...... Mérovingiennes déposés au musée d'Aurillac.
Pour ces raisons il serait utile de renouer avec l'Histoire locale. Garder ou retrouver les noms d’antan.
Alors pourquoi avoir donnée à la principale voie de communication du hameau le nom de ...............
Madeleine Perey. Une illustre inconnue sortie de l’imaginaire de la dénomination des rues de ma commune. Oui. Cherchez bien sur internet. Cette femme célèbre n'existe pas.
A moins qu'il ne s'agisse de Marguerite Perey
(1909-1975) Chimiste, est connue pour avoir isolé le francium en
1939. Elle est la première femme membre élue correspondante de
l’académie des sciences en 1962 et a participé à la création de labos de
physique à Strasbourg.
Aubespeyre marquera la fin de notre visite. Et là nous touchons du doigt le ridicule de la situation. Le summum dans la stupidité. On n'a pas réfléchi à ce qu'on faisait . On a une idée derrière la tête on fonce.
On avait quatre "rues" à nommer et on n'y a pas été avec le dos de la cuillère. Sans penser aux quolibets et plaisanteries de mauvais goût qui pouvaient en découler. Rappelant par ailleurs que le père LE PEN a la primeur du genre. :
. Rue Simone Veil
. Rue marguerite Duras.
. Impasse du four
. Passage des moulins
Soit dit en passant que la rue du Four ne passe pas devant se dernier. Mais que c'est la rue Duras qui passe devant lui. Et que la rue Simone Veil croise ces deux venelles. Bien sûr on ne peut pas être au four et aux moulins en même temps mais on peut tout de même, sans le vouloir évoquer la jonction des rues Duras-Four qui rejoignent toutes deux la rue Simone Veil.
S,il n'y a plus de moulin à Aubespeyre, il y a toujours sur la place "un travail" restauré par un habitant du hameau. Place du travail. Voila un nom qui aurait bien sonné.
A quoi bon vouloir effacer l'Histoire des pays, gommer les particularités vernaculaires? Cette aseptisation de notre ruralité par des gens qui ne la comprennent pas me révolte au plus haut point.
D'autant que les panneaux ayant été rapidement posés il n'y a guère d'espoir de retrouver nos racines.
Sûrement nous nous en souviendrons aux prochaines élections.
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